A l’heure où le monde se désole d’un énième attentat qui vient à nouveau secouer Istanbul, à l’heure où les familles pleurent leurs proches morts ou blessés pendant la tuerie qui a déchiré la nuit du 1er janvier, une grande partie des internautes marocains, eux, fustigent les jeunes victimes marocaines.
Sur la toile, les messages de compassion aux familles ont laissé place aux messages de haine. On souhaite aux jeunes femmes marocaines, décédées ou blessées, l’enfer. Car après tout, que faisaient-elles dans une boite de nuit à Istanbul ? Sortir la nuit ne peut être l’œuvre que de prostituées, de filles de joie sans foi ni loi… On les blâme enfin d’être la honte de leur pays…
Au-delà du choc que représente la violence de cet acte terroriste, il y a le choc, encore plus grand, de la violence des mots, de l’étroitesse des esprits, de la haine qui anime certains de nos concitoyens qui au nom d’une religiosité exacerbée, d’une foi soi disant irréprochable, mettent de côté leur humanité pour justifier des actes terroristes.
Comment en est-on arrivé là ? Quel est donc ce Maroc auquel nous rêvons ? Comment construire un pays quand ses enfants sont prêts à tant se détester ? Comment une terre de mélange et de métissage peut-elle aujourd’hui abriter des Marocains qui se déchirent sous prétexte de différences. Doit-on se résoudre à enterrer définitivement nos libertés individuelles pour laisser place à l’intolérance ?
Combien de tueries et d’actes terroristes faudra-t-il encore pour que ces personnes qui se pensent irréprochables et à l’abri de tout comprennent que le terrorisme est aveugle, et qu’il frappe tout le monde sans exception !
Autant de questions qui se posent à l’aube de cette nouvelle année que l’on souhaitait pourtant porteuse d’espoir…
S’il nous reste un souhait à faire pour commencer cette année 2017, c’est bien celui-ci : que les Marocains réapprennent le vivre ensemble qui faisait la plus grande de leur richesse, qu’ils se souviennent de ce qu’est la tolérance et l’amour de l’autre. Et enfin, pour ceux qui se prétendent les plus croyants, qu’ils revisitent ces textes qu’ils pensent si bien connaître pour se souvenir qu’il n’y a pas d’autre juge qu’Allah.