Regardez comment le monde s’enflamme. Regardez comment, en un scandale impliquant un « monstre » – dans le sens propre comme figuré – de cette planète lointaine qu’est Hollywood, le monde s’est déchainé.
Regardez-les qui s’étonnent de la monstruosité de ce pervers, de ce violeur en costard « Quoi ? Il a fait ça ? Oh my god ! C’est horrible ! Quel porc ! ». Regardez-les qui admettent qu’ils ont su, peut-être un jour lointain, qu’il était « comme ça » en se confondant en excuses. Regardez cette presse qui pète un plomb parce que « Oh my god (bis) ! Weinstein ! Il a osé !! ». Et regardez les commentaires des gens, ceux qui s’étonnent « que les victimes n’aient jamais parlé » ou encore les « Mais il avait beaucoup de fric, il pouvait avoir celle qu’il voulait ! Elles ne cherchent que le buzz maintenant qu’il est tombé ! ».
Regardez les commentaires indignés de voir qu’il existe encore des bourricots, passez-moi l’expression et avec tous mes respects pour nos chers amis les ânes, pour aller encore chercher où la victime a merdé pour se retrouver dans une situation où un gentilhomme a juste couché avec elle … mais avec force, mais oublions. Regardez-les tous ! Ah qu’ils sont marrants ! Rions !
Weinstein, avec tout son fric, tout son pouvoir, tout son charme (en partant du principe que le degré dudit charme soit perçu de manières complètement différentes d’un individu à un autre, je préfère le préciser) s’est avéré être un violeur complètement déglingué de la braguette. Aaaaaayyeh ! Vioooooleur a siyadna ! Dikchi kaaamel w tle3 violeur ! Étonnant ? Pas tant que ça… pour ma part.
Ce n’est pas très étonnant parce qu’il existe des hommes de pouvoir – ils peuvent être producteurs, chanteurs, hommes politiques, juste pour le plaisir de l’exemple, entendons-nous – qui peuvent avoir toutes les caractéristiques de ce fameux et très improbable «gendre idéal » et être atteints (peut-être, je ne suis pas psychanalyste non plus) d’un complexe de supériorité qui fait que le « non » est perçu comme un « oui » ou encore un affront à leur terrible grandeur. De là, quand leur moi sacré est blessé, ils pètent un plomb et se jettent sur leurs proies tout en pensant que ce qu’ils font est tout à fait normal « Qu’est ce qu’il y a ? Pourquoi tu réagis comme ça ? Détends-toi ! ».
Pourtant, ce n’est pas normal. Quand la personne exprime son refus de te voir introduire ton entrejambe sacrée en son for intérieur, la prendre de force tout en lui cassant le visage, ce n’est pas « faire l’amour », non non Monsieur, ça s’appelle « violer ». En d’autres termes et pour faire très simple : « Oui = Faisons l’amour (mais pas sur du Jeane Manson, soyons lucides) » et « Non = Je ne veux pas. Je ne veux pas du tout. Même si tu me tapes, je ne veux pas donc cesse de me taper dessus, et même si tu parviens à le faire après m’avoir accessoirement violentée, je ne veux toujours pas. ». Voilà la différence. Elle est toute simple, il suffit d’y mettre du sien. Bref, je m’emmêle les pinceaux, excusez-moi, il est des histoires qui se ressemblent tellement qu’on a tendance à les mélanger. Lah yester.
Donc Weinstein et Hollywood ! C’est fou comment tellement de monde « savait » que ce Monsieur agressait ces gentes demoiselles et que personne n’ait jamais parlé en plus de je ne sais combien de décennies ! C’est fou comment le pouvoir peut écraser les petites gens, que tout le monde fasse comme si de rien n’était et traiter un violeur en producteur talentueux et parfait que le monde entier devrait jalouser ! C’est fou que ceux qui le « savaient » n’aient pas bougé le petit doigt pour qu’il arrête et qu’il n’y ait pas d’autres victimes ! C’est normal que toutes ses victimes n’aient pas parlé …
Comment s’attaquer à un monstre tentaculaire alors que tous ceux du milieu savaient ce qu’il était et qu’ils continuaient à lui lécher le derrière ? Comment prouver que ce porc les a violées ? Elles n’avaient jamais porté plainte, comme plus de 87% de victimes dans le monde – Hé oui ! Ces belles actrices sont humaines ! – qui ne le font pas parce qu’elles ont honte, puis peur qu’on remette en doute leurs récits, puis parce qu’elles voient comment le monde traite les victimes d’agressions sexuelles, puis parce qu’elles se disent qu’elles oublieront certainement avec le temps et qu’une plainte ne ferait que les enfoncer, parce qu’elles n’ont pas la force d’affronter, parce qu’elles en ont été dissuadées par leurs familles qui disent vouloir les « protéger » du scandale, parce que leurs propres amis les assassinent avec des « Mais tu étais habillée comment ? », « Attends, attends ! Tu es parti avec lui chez lui ? Mais t’es conne ou quoi ? », parce que de parfaits inconnus sur les réseaux sociaux donneront leurs avis sur un viol, qu’elles liront, et se feront violer une seconde fois par des « Ce n’est qu’une p*** ! », « C’est un complot, il est trop beau, il a trop de succès, elle a été payée pour le piéger », « Elle cherche du buzz » et par des articles dans la presse qui les salissent davantage. La liste est longue mais je vais m’arrêter là parce que tout ça me donne envie de vomir.
Il existe plein de Weinstein. Plein. Partout. Il en existe même chez nous, mais ils continuent d’exister parce que leurs victimes se taisent de peur de voir leurs vies partir en vrille. Il en existe chez nous que notre presse nous inflige tous les jours et les fait passer pour des hommes « de pouvoir » lambda. Comme si rien ne s’était passé. Il en existe chez nous et ce silence autour d’eux est dangereux et témoigne d’une inconscience égoïste où le fric passe avant tout et où « les bonnes relations avec flane » sont plus sacrées que tous ces corps abusés. Il en existe chez nous et je « les » regarde, impuissante, je lis les témoignages de leurs victimes et je sais que moi, je ne peux rien, je ne peux rien faire si ce fardeau est beaucoup plus lourd à déballer qu’à porter …
Courage les filles, la justice n’est pas qu’humaine, un jour elle sera divine.
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