Chroniques

La chronique de Faty Bradshaw: L’amour à la plage ?

Baisers et coquillages ? Non mais vous vous croyez où ? Ici c’est Casa, proche de Gaza en termes de vie sociale ou amoureuse. Alors la légèreté et l’insouciance, on la camoufle sous un énorme paréo comme on le fait avec notre bikini.

 

 

Et comme je tiens à parfaire mon bronzage, je tiens à le mettre mon bikini. Autant dire, que ce n’est pas à proprement dire « à la plage » que je suis allée, mais plutôt à l’une des piscines publiques casablancaises, hors de prix et encore fréquentables.

 

 

Passé le frissonnement ressenti au moment de payer le ticket d’entrée qui coûte autant qu’un « mom jeans » dont j’aurai bien besoin, je jette mon dévolu sur un transat face à la mer et plutôt isolé. Autant vous avouer que j’ai depuis longtemps abandonné l’idée de faire des rencontres dans des lieux publics. Je me suis donc armée de quelques livres ayant des titres plutôt effrayants. Il ne s’agissait pas d’histoires dramatiques mais plutôt le genre qui annoncent la couleur aux potentiels relous de service : « Attention, femme éduquée, ne pas déranger ».

 

 

Et pour plus de tranquillité, j’ai également vissé mes écouteurs à mes oreilles, pensant qu’ainsi nul bougre n’aurait l’idée d’interrompre ma séance de farniente. Mais au royaume de l’hospitalité et de la chaleur humaine, le concept de solitude n’est pas reconnu. Les trois jeunes hommes qui avaient passé leur temps à me dévisager n’ont finalement pas résisté. Ou était-ce leur état éthylique qui leur faisait croire que j’avais besoin de compagnie ?

 

 

L’un d’eux s’est levé, transpirant l’excès de zèle et de confiance en lui, pour venir m’accoster :

 

Lui : Moi c’est Mehdi.

 

 

Moi : … (Silence accompagné d’un regard interloqué)

 

 

Lui : Comment une jolie fille comme toi peut être seule ?

 

 

Moi : … (Toujours silencieuse mais cette fois outrée)

 

 

Lui : Tu te joins à nous ?

 

 

Moi : Comment vous expliquer, je suis là pour avoir un peu de tranquillité. Et je ne peux y accéder tant que vous osez me parler comme si je vous y avais invité. D’autant que là vous bloquez le soleil !

 

 

“Comment ça se fait que je sois seule?”, la question a continué à trotter dans mon esprit même après son départ. Alors, naturellement, j’ai regardé autour de moi pour voir s’il n’y avait pas une autre âme féminine solitaire… Pas la moindre!

 

 

 

Il y avait bien des groupes de nénettes mais elles voulaient tout sauf être seules. Leur manège était aussi grossier que l’approche de la piètre imitation de John Wayn qui m’avait abordé. Elles étaient toutes plus ou moins du même acabit : seins refaits, maillot de bain en néoprène ou en léopard, rouge à lèvre rose que même barbie ne pourrait pas assumer et manucure de tigresse en chaleur. Ajoutez à cela trois couches de graisse à traire pour un effet bien “reluisant” et vous obtenez le comble de l’élégance selon Nabilla. Leurs éclats de rire était à la mesure de leur envie désespérée de se faire remarquer et leurs regards en coin aussi indiscrets que possible.

 

 

 

D’ailleurs, comme la vie fait bien les choses, mon prétendant déchu a finalement retrouvé le bon sens et s’est dirigé vers une de ces proies là. Laquelle a répondu à son intérêt à coup de moults éclats de rires. Finalement, l’amour à la plage c’est possible. Pour les autres !

 

 

 

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