Entisar al-Hammadi, une mannequin yéménite emprisonnée pour avoir remis en cause «les normes sociales», risque d’être soumise à un «test de virginité», a indiqué vendredi Amnesty international, appelant à sa libération immédiate.
La jeune femme de 19 ans avait été arrêtée le 20 février dans la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles ultraconservateurs Houthis. D’après Amnesty, Entisar al-Hammadi, née d’une mère éthiopienne et d’un père yéménite, a été «interrogée les yeux bandés, maltraitée physiquement et verbalement (et) a reçu des insultes racistes». Elle a également été «forcée de reconnaître plusieurs délits», dont la «possession de drogue» et la «prostitution», selon l’ONG basée à Londres.
Punie pour avoir contesté les normes sociales
Toujours d’après Amnesty, son avocat a été informé mardi par un membre du parquet du projet des Houthis de «la soumettre à un test de virginité dans les prochains jours». «Elle est punie pour sa contestation des normes sociales de la société yéménite profondément patriarcale qui renforcent la discrimination envers les femmes», a dénoncé Lynn Maalouf, directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. «Les tests de virginité forcés sont une forme de violence sexuelle et sont assimilés à de la torture selon le droit international», souligne l’ONG.
Accusations sans fondements
Entisar al-Hammadi compte des milliers d’abonnés sur Facebook et Instagram où elle a publié des photos sur lesquelles elle pose pour des créateurs locaux, parfois sans voile, ce qui est mal perçu par les Houthis, qui n’ont pas réagi publiquement à cette affaire.
Soutenu par l’Iran, le mouvement islamiste s’est emparé de la majorité du nord du Yémen au cours d’une guerre dévastatrice menée depuis 2014 contre le gouvernement reconnu par la communauté internationale. «Le 21 avril, (Mme Hammadi) a été présenté devant le parquet pour être interrogée en présence de son avocat sur des charges comme la consommation de drogue et la prostitution, qu’elles nient fermement», affirme Amnesty. Son avocat a vu Mme Hammadi être giflée par le responsable de la prison, toujours selon l’ONG. Le parquet a par ailleurs empêché son avocat d’accéder à son dossier et un homme armé a menacé ce dernier, a ajouté Amnesty. Les Houthis, affirme l’ONG, «enregistrent un déplorable bilan d’arrestations arbitraires sur des accusations sans fondement» et veulent «réduire au silence et punir les opposants, journalistes et membres des minorités religieuses».
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