Un militant des droits de l’Homme, dont la femme a été condamnée à deux ans de prison en Egypte pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel, a demandé sa grâce au président Abdel Fattah al-Sissi.
Arrêtée en mai, Amal Fathi, ancienne actrice et mannequin de 34 ans, a été condamnée dimanche en appel à deux ans de prison ferme pour « diffusion de fausses informations » et « incitation au renversement du régime ».
Elle avait partagé sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle critiquait le manque d’action des autorités face au harcèlement sexuel en Egypte. « Nous demandons au président de la République sa grâce« , a déclaré mercredi à l’AFP son mari Mohamed Lotfi, célèbre militant à la tête de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF).
M. Lotfi indique avoir présenté une demande en ce sens auprès du Conseil national des droits de l’Homme, chargé de transmettre le dossier à un comité présidentiel. Il a également précisé que la condamnation de sa femme ferait l’objet d’un pourvoi en cassation.
Arrivé au pouvoir en 2014, un an après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, M. Sissi a mis en place un régime considéré comme autoritaire et ultra-répressif par les organisations de défense des droits humains.
M. Lotfi, 37 ans, a appelé M. Sissi à prendre en compte le fait que sa femme, mère d’un enfant de trois ans, est « une victime » de harcèlement, souffrant d’un « traumatisme » et d’une « dépression » pour laquelle elle suit un traitement. « Son état (psychologique) s’est aggravé » durant ses huit mois de détention, assure-t-il.
Mme Fathi a déclaré avoir été harcelée par un chauffeur de taxi puis par un surveillant de banque le même jour. Elle avait enregistré dans la foulée une vidéo dans laquelle elle exprimait son exaspération, a expliqué son époux.
L’ONG Amnesty International a qualifié la condamnation de Mme Fathi de « scandaleuse injustice ».
Le harcèlement dit de rue est un phénomène largement dénoncé en Egypte où des campagnes de sensibilisation ont été lancées par le gouvernement.
« Nous savons que le gouvernement essaie de combattre ce phénomène », a reconnu M. Lotfi. « Il n’est pas juste qu’une femme victime de harcèlement soit emprisonnée », a-t-il estimé.
Actuellement assignée à résidence, Mme Fathi doit se rendre au commissariat chaque semaine. M. Lotfi craint qu’elle soit de nouveau arrêtée samedi lors de son prochain rendez-vous.
M. Lotfi, de nationalités égyptienne et suisse, estime que son propre engagement pour les droits de l’Homme est « la vraie raison » de la condamnation de sa femme. « C’est d’une certaine manière une pression sur moi pour que j’arrête mon travail en faveur des droits de l’Homme », a-t-il assuré.
Il a ajouté que son épouse était aussi poursuivie dans une autre affaire, notamment pour « appartenance à un groupe terroriste ».
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