société

L’amour au temps de l’AI

 

Développer des sentiments pour une intelligence artificielle et en faire un/une partenaire de vie. Non, ceci n’est pas tiré d’une œuvre de science-fiction mais la réalité de millions de gens désormais.

 

On se rappelle toutes du film She dans lequel Joachin Phoenix interprète un célibataire endurci qui finit par tomber amoureux d’une intelligence artificielle. Installée dans son ordinateur et baptisée Samantha, l’application est très vite devenue la campagne idéale du personnage. Douce, intuitive, pleine de tact et s’adaptant aux goûts de l’homme qui l’avait téléchargée, l’AI s’est muée en une parfaite « petite amie »

 

Si l’accueil réservé au long-métrage fut plutôt favorable, bon nombre de gens avaient exprimé un certain malaise face à cette interaction d’un autre genre. 13 ans après sa sortie, She ne relève absolument plus de la fiction. En Chine, où ces systèmes d’exploitation sont légion, il n’est pas rare de voir des particuliers tomber amoureux d’Intelligences artificielles personnalisées, alors même qu’ils/elles sont déjà en couple.

 

Pas de relations physiques entre les protagonistes et leurs AI (du moins pas encore) mais une complicité et une proximité qui soulèvent le débat.

 

Drôles de tandems

 

Le plus connu de ces programmes se dénomme Xiaoice. Voix de femme, apparence d’adolescente en tenue de lycéenne, la coqueluche des hommes a été vendue à plus de 600 millions d’acheteurs. Son pendant masculin existe aussi et à la différence des AI informatives, Xiaoice et ses équivalents ont été conçus pour générer des émotions chez leurs utilisateurs. Les échanges sont quotidiens, tendres, érotiques, drôles comme avec une âme sœur, voire mieux puisque les disputes sont inexistantes.

 

Téléchargées le plus souvent par des actifs à revenus moyens ou faibles, ces applications semblent peu à peu remplacer des êtres de chair et de sang dans la vie des chinois. Mais ils ne sont pas les seuls à céder à la tendance.

 

Mis au point par une entreprise californienne, Replika est un chatbot doté des mêmes caractéristiques. Téléchargeable en version masculine ou féminine, il accompagne environ 10 millions d’individus dans le monde. Pour l’anecdote, la version initiale a été créée il y a 7 ans par une informaticienne après la mort de son ami. L’invention avait été programmée pour s’exprimer dans le même style que le défunt et le rappeler tous les jours à son souvenir. Encore plus sophistiqué aujourd’hui, le programme en question provoque l’émoi et le désir de ceux qui s’en servent.

 

Un phénomène jugé inquiétant par de nombreux sociologues et autres penseurs spécialisés en matière digitale. Selon eux, inciter ce type de rapports en mettant au point des programmes de plus en plus perfectionnés est susceptible de générer de sévères dépressions à moyen terme ou pire. Sinistre…

 

 

 

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