Janna C. et Djelika S. projetaient de perpétrer des attaques au couteau dans la rue en août 2016. Abreuvées de la propagande de l’EI, elles avaient été interpellées le 10 août 2016 dans un jardin public de Clermont-Ferrand.
Janna C., une jeune radicalisée interpellée en 2016 à 18 ans alors qu’elle envisageait de commettre un attentat en France au nom de Daech, a été condamnée mercredi à Paris à sept ans de prison. Le tribunal correctionnel a assorti cette peine d’une période de sûreté des deux tiers et prononcé son maintien en détention. Il a également ordonné un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans. Une autre jeune femme, Djelika S., 25 ans, qui était très proche de Janna sur internet et qui comparaissait à son côté, a elle été condamnée à six ans d’emprisonnement.
L’affaire remonte à l’été 2016 alors même que la France vient de connaitre les attentats de Nice, le 14 juillet, et de Saint-Etienne-du-Rouvray, le 26 juillet. Le 10 août 2016, des policiers de la DGSI interpellent à Clermont-Ferrand Janna C., qui a fêté ses 18 ans deux mois plus tôt. L’opération succède à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. La veille, elle avait recherché sur internet «comment fabriquer une ceinture explo» (sic) ou la technique de «fabrication du TATP», un explosif artisanal très instable, prisé des djihadistes. Sur Snapchat, elle avait donné «rendez-vous dans le paradis éternel».
Placée en garde à vue et transférée dans les locaux de la DGSI, elle est mise en examen le 13 août pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme» et «provocation directe à un acte de terrorisme».
Âgée aujourd’hui de 21 ans, elle était détenue jusqu’à maintenant avec sa complice Djelika S., avec laquelle elle était en contact en 2016. Cette coprévenue avait avoué à la police en 2017 qu’elles avaient prévu deux attaques au couteau pour «tuer le maximum de personnes». Lors de son procès en juillet dernier à Paris, Janna C. avait pour sa part raconté que c’est elle qui devait porter une ceinture d’explosifs contre «ceux qui représentent la France, les fonctionnaires». À l’époque, «j’étais dans mon délire, (…) dans ma bulle» et commettre un attentat était «banal», avait expliqué la jeune femme à l’audience.
Une radicalisation dès 15 ans
Lors de son arrestation en 2016, Janna C. était fichée S et suivie depuis plusieurs années par les services de renseignements. Originaire de la banlieue de Troyes (Aube), en échec scolaire puis descolarisée, elle affiche au cours de l’année 2013 un changement de tenue manifestant son attachement à un islam rigoriste. Alors qu’elle n’a que 16 ans, fin 2014, elle est mise en cause dans une affaire de vol et de conduite sans permis. Elle est incarcérée début 2016 pendant quelques semaines, et se radicalise davantage.
Après sa sortie de prison, Janna part pour Clermont-Ferrand où son père travaille. Sa radicalisation se poursuit sur internet et par la messagerie cryptée Telegram, grâce à laquelle elle entre en contact avec d’autres jeunes femmes.