Le récent reportage de TF1 sur la chirurgie esthétique au Maroc a fait beaucoup de bruit dans le royaume, mettant en lumière une pratique qui tend à se démocratiser mais dont les actes ne sont pas anodins. L’occasion de revenir sur quelques points essentiels à avoir à l’esprit avant de franchir le pas.
Intitulé « Maroc : la folie du bistouri », le récent reportage dédié à la chirurgie esthétique dans le royaume, diffusé dans l’émission Sept à Huit sur TF1 a fait le buzz. Mais pas vraiment pour les bonnes raisons. En plus d’avoir révolté les internautes, les professionnels du secteur ont souhaité eux aussi réagir. La Société marocaine de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SMCPRE) a notamment accusé ce programme de véhiculer des «clichés» et de ne pas refléter «la réalité». L’une des clientes filmées s’est d’ailleurs plainte de harcèlement et de railleries à la suite de sa diffusion, à tel point que la direction de la chaîne a décidé de retirer le sujet de leur plateforme de replay. Un reportage fortement décrié qui remet au goût du jour le débat sur l’image de la chirurgie esthétique et de ses professionnels au Maroc, sujets à de nombreuses polémiques. Pourtant, même si « les chiffres mentionnés dans le programme ne représentent aucunement la réalité de l’activité de la quasi-totalité des praticiens de la chirurgie plastique réparatrice et esthétique au Maroc », comme l’explique la SMCPRE, le recours à des opérations de ce genre tend à se démocratiser. Or, quelle que soit la procédure qui nous fait de l’œil, il s’agit d’un acte chirurgical non sans conséquence. Avant de se décider, il est donc important de suivre ces quelques recommandations.
1- Les qualifications du praticien
Au Maroc, seul l’Ordre national des médecins ou les Conseils de l’Ordre régionaux sont habilités à distribuer la liste des praticiens titulaires de la qualification en « chirurgie plastique reconstructive et esthétique ». Vérifiez bien auprès des institutions susmentionnées que votre médecin est spécialiste en chirurgie plastique et esthétique. En effet, seuls les médecins certifiés en chirurgie plastique sont des chirurgiens esthétiques plasticiens, lit-on sur le site de la SOMCEP (Société Marocaine des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens), a contrario des «chirurgiens cosmétiques» ou (médecins esthétiques). Certains dermatologues, généralistes ou autres praticiens peuvent employer cette appellation. Néanmoins, la chirurgie esthétique nécessite un chirurgien hautement qualifié et expérimenté.
2- Les installations chirurgicales et les produits utilisés
Les installations chirurgicales et les produits utilisés par le médecin sont des points à considérer et peuvent varier d’un cabinet à l’autre. « C’est important de regarder et comparer les marques de prothèses, de fils tenseurs, de botox, d’acide hyaluronique… avec lesquels les médecins travaillent. Il faut se renseigner sur les techniques qui ont fait leurs preuves, comme le botox, c’est-à-dire la toxine botulique qui est utilisée depuis des années,… il y a tout un travail à faire de recherche pour que la personne soit bien a courant de tous les enjeux », nous explique une influenceuse marocaine proche de ce milieu, préférant garder l’anonymat. Par exemple, en France, en 2019, six marques de prothèses mammaires ont été retirées du marché car soupçonnées de favoriser l’apparition d’une forme rare de lymphome, à savoir Allergan, Arion, Eurosilicone, Nagor, Polytech et Sebbin.
3- La réputation du praticien et son style
En plus des éléments précédents, il est important de se renseigner sur la réputation du praticien et son style. « A-t-il eu beaucoup de ratés ? Son style correspond-il à ma personnalité, mon profil esthétique ? Les chirurgiens travaillent en fonction de leur vision de la beauté. Si je souhaite un résultat naturel, je vais donc plutôt aller chez untel, pour un résultat plus flagrant, untel autre… », poursuit l’influenceuse qui invite toute personne désirant réaliser une opération esthétique à bien se renseigner avant et consulter les avis des clients précédents (sur des forums par exemple).
4- Les risques
« Il n’existe aucune méthode infaillible pour choisir son plasticien ni garantir les résultats de votre chirurgie », écrit la SOMCEP, tout en proposant quelques indications dans ce sens. Il est important d’avoir en tête les conditions de l’opération choisie : nécessite-t-elle une anesthésie générale ? Quels risques comporte-t-elle ? Est-ce douloureux ? Combien de temps dure la convalescence ? « Renseignez-vous également au sujet des taux de complications. Ne vous laissez pas persuader par le bradage des prix en rajoutant des chirurgies additionnelles. Méfiez-vous du chirurgien qui vous fait des « garanties de satisfaction » ou qui n’accorde pas suffisamment d’importance aux risques de la chirurgie. Avant de le signer, lisez attentivement le formulaire de consentement à la chirurgie », conseille la SOMCEP qui insiste pour choisir un « plasticien avec lequel vous êtes à l’aise et qui vous inspire confiance ». « Les risques liés à cette chirurgie sont heureusement rares, sans gravité et facilement jugulés. Néanmoins, la chirurgie plastique reste une chirurgie à part entière qui partage avec toutes les autres disciplines chirurgicales les mêmes complications (infections, saignements, problèmes de cicatrisation, troubles thrombœmboliques) (…) qui doivent être largement exposées aux patients avant tout acte chirurgical », informe sur son site le Dr. M.J. Guessous, chirurgien à Casablanca.
5- Réfléchir aux raisons psychologiques
« Pourquoi faire cette opération ? Qu’est-ce que cela va m’apporter ? Vais-je me sentir mieux après ?… Avant de procéder à un acte assez lourd, il est important de se poser quelques questions, de faire une introspection et peut-être qu’on se rendra compte qu’on n’en a pas vraiment besoin », explique l’influenceuse. Aussi, il faut obligatoirement que cela soit un choix personnel. « S’il/elle sent une pression de la part de l’entourage ou du conjoint pour une augmentation mammaire ou une lipoaspiration, mieux vaut ne pas prendre cette décision. L’avis des proches est important mais la décision finale appartient au patient et à lui seul », annonce sur son site Dr. Joël Aknin, un spécialiste français basé à Lyon. Essayez d’y voir clair dans vos motivations. Un bilan préopératoire et un temps de réflexion de 15 jours minimum doivent être respectés avant la réalisation de l’opération.