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Kaoutar Boudarraja: « je suis une femme compliquée »

Bien connue du petit écran, l’animatrice et productrice Kaoutar Boudarraja, alias « Kao », prête une nouvelle fois son image à la marque emblématique Elsève de L’Oréal Paris. L’occasion de revenir sur son parcours, ses projets et ses secrets de beauté. Interview.

À la fois animatrice, chroniqueuse, productrice, actrice et mannequin, à seulement 34 ans, Kaoutar Boudarraja semble déjà avoir vécu plusieurs vies. Pourtant, rien ne la prédestinait à une telle carrière. Née à Casablanca au sein d’une famille conservatrice, Kaoutar ne se souvient pas avoir eu une enfance très épanouie. Très mature pour son âge, la petite fille a beaucoup de choses à dire mais n’a personne avec qui les partager. Elle se réfugie alors dans les livres et l’écriture.

Mais à 20 ans, la jeune femme en a marre de se taire et souhaite pouvoir s’exprimer librement. Elle saisit alors l’opportunité de participer à la « Star Academy Maghreb » en Tunisie avec l’espoir de devenir célèbre et pourquoi pas, embrasser une carrière de chanteuse, d’actrice, de danseuse ou tout cela à la fois. Toutefois, c’est un tout autre destin qui attend la candidate. Dès la fi n de l’émission, on lui propose en effet de devenir l’animatrice de la tournée Star Ac’.

S’ensuivent alors plusieurs années de gloire durant lesquelles la jeune femme enchaîne les différentes expériences audiovisuelles. Elle décroche tout d’abord le poste d’animatrice de l’émission de télé réalité « Dar Familia » diffusée sur la chaîne tunisienne Nessma TV. Puis, elle devient chroniqueuse à « Ness Nessma », tout en présentant la célèbre émission de mode italienne « Non Solo Moda ».

Kaoutar continue son ascension fulgurante et se voit confier, toujours par la chaîne Nessma TV, sa propre émission « Interdit aux hommes », un talk-show qu’elle produit et anime, dans lequel elle donne la parole à des femmes fortes et vraies à l’instar de militantes, de féministes ou encore de résistantes. En 2013, Kao rentre au Maroc où elle anime l’émission « Jari ya Jari », diffusée sur Médi1 TV. Mais la jeune femme se retrouve vite bloquée dans un paysage audiovisuel qui ne lui correspond pas et où aucune chaîne privée n’existe. Franche et spontanée, Kaoutar souhaite en effet faire réfléchir les téléspectateurs en posant les bonnes questions et en faisant bouger les choses.

Un état d’esprit qui en dérange certains. L’animatrice préfère donc rester un moment off antenne et prendre le temps de se consacrer à des projets qui lui tiennent à cœur. Parmi eux, être pour la seconde fois le visage de la marque Elsève de L’Oréal Paris, une marque qui lui ressemble, tant par son positionnement que par ses valeurs.

Vous attendiez-vous, lors de votre participation à la Star Academy Maghreb, embrasser une telle carrière ?

Non pas du tout. J’ai toujours été très lucide dans ma vie et je savais que je ne chantais pas très bien. Par contre je savais danser et j’étais également douée en théâtre. Mais cette émission était pour moi l’opportunité d’apprendre en étant entourée par des professionnels et de gagner en visibilité. En effet, après ce type d’émission, tout le monde recevait des propositions donc je ne pouvais qu’en sortir gagnante. Mais jamais je n’aurai pu croire que la chaîne allait investir sur moi en me préparant à ce qui est aujourd’hui mon métier. D’ailleurs au début j’ai refusé leur proposition car cela me semblait trop sérieux et ne m’intéressait pas. Animer une émission était la dernière chose que je voulais faire alors qu’aujourd’hui je ne veux faire que ça. Je ne remercierai jamais assez toute l’équipe de Nessma qui a eu confiance en moi, qui m’a tout appris et qui n’a pas eu peur d’investir dans des personnages et des personnalités.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier et quels sont les côtés plus difficiles ?

Ce que j’aime c’est faire parler les autres et la rencontre humaine. Dans mes émissions, je ne reçois jamais des invités qui arrivent avec des réponses toutes faites ou qui demandent à recevoir les questions la veille pour les valider. Je ne crois pas à ça. Cela ne m’intéresse
pas de faire des interviews purement marketing afin de promouvoir un fi lm, une chanson ou un livre. Moi ce que j’aime, ce sont les histoires de ces personnes-là. Oui ils sont célèbres aujourd’hui mais je veux savoir comment ils en sont arrivés là. Combien d’appels ou de messages sont restés sans réponses, combien d’échecs ont-ils surmontés, combien de portes sont restées fermées ? Parce que c’est aussi mon histoire à moi. Je pense qu’il ne faut pas vendre à la jeunesse d’aujourd’hui cette espèce de facilité à réaliser ses objectifs ou ses projets. Parce que rien n’est facile et parce qu’il n’y a pas qu’une seule voie pour y arriver. Mes interviews sont alors vraiment basées sur le côté humain. Je n’ai pas peur de poser des questions intimes parfois même un peu blessantes parce que je le fais avec beaucoup de bienveillance. D’ailleurs, mes invités ont toujours été très à l’aise avec moi et se laissent aller à beaucoup de confidences. Concernant les inconvénients, au Maroc, c’est l’inexistence de chaînes privées. On contraint le téléspectateur marocain à regarder un contenu qui ne lui apprend rien et qui ne l’interpelle pas. Moi j’ai toujours dit que je ne voulais pas seulement « passer » à la télé, je veux « faire » de la télé. Il faut réussir à secouer tout en étant spontané. Lire des fiches ou des textes préparés par d’autres personnes qui défi lent sur un prompteur, ce n’est pas ma conception de la télévision. On veut des gens qui ressemblent aux téléspectateurs. C’est cette proximité là qu’il faut travailler.

Comment vous décririez-vous ?

Je suis compliquée (rires). J’ai du mal avec moi-même quasiment tous les jours. Entre ce que je veux et les choses auxquelles j’aspire, la société dans laquelle j’évolue et l’opinion des gens, entre ceux qui t’encouragent et ceux qui te découragent… ce n’est pas toujours facile. En fait, je suis old-school tout en étant très moderne et émancipée.

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