Maroc

Rétro 2018. L’affaire Khadija : une histoire qui a ému le monde entier

Son histoire a ému le monde entier. Khadija, une adolescente de 17 ans accuse plusieurs jeunes gens de viols collectifs, d’actes de torture, d’enlèvement et de séquestration pendant deux mois à Oulad Ayad. Son affaire est toujours devant les tribunaux.

Son témoignage, diffusé en août dernier, a fait l’effet d’une bombe et provoqué une vague d’émotion sans précédent aussi bien au Maroc que dans les quatre du monde. On y voit une jeune femme, visage caché, montrant sur son corps des tatouages, et des brûlures de cigarettes, tout en racontant le calvaire qu’elle aurait subi dans la région de Béni Mellal.

La jeune femme de 17 ans accuse un gang de douze hommes de l’avoir violée, séquestrée, tatouée de force et torturée pendant deux mois dans le douar de Oulad Ayyad dans la province de Fqih Bensaleh.

Forte mobilisation pour Khadija

Massivement relayé sur les réseaux sociaux, le témoignage de Khadija a suscité l’émoi et déclenché un élan de solidarité des Marocains. Une grande mobilisation a vu le jour avec des hashtags #JusticePourKhadija et #NousSommesTousKhadija.

Le 28 août, le journal Libération publie une tribune consignée par des personnalités civiles marocaines, appelant à une réaction exemplaire devant ce nouveau «scandale national».

Un collectif a également été crée par un groupe de femmes suite à cette affaire. Intitulé « Masaktach », il vise à dénoncer les violences à l’égard des femmes et le non-respect du consentement.

Ce même collectif a lancé, quelques jours plus tard, un hashtag devenu viral intitulé #IlaDsserSeffri (s’il te manque de respect, siffle). L’initiative invite les Marocaines à investir les espaces publics et les bus armées de sifflets pour lutter contre le harcèlement sexuel.

Les zones d’ombres

Si l’histoire de Khadija a ému les Marocains, certaines déclarations des parents des agresseurs présumés de la jeune fille, ainsi que celles d’une spécialiste en détatouage ont semé le doute sur la véracité des propos de l’adolescente, incitant plusieurs marocains à se désolidariser d’elle.

Parmi ces déclarations, celles de proches des accusés affirmant que Khadija fréquentait ses présumés ravisseurs de son plein gré depuis des mois au vu et au su de ses parents. D’autres voisins de Khadija se sont pour leur part demandé pourquoi ses parents n’ont pas porté plainte directement après les faits et ont attendu l’intervention d’une association pour le faire…

Autre témoignage ayant mis en doute la version de la jeune femme est celui de Linda Paradis, une dame se présentant comme spécialiste de détatouage. La femme, qui a rendu visite à l’adolescente, affirme que les tatouages sont anciens et remontent à trois ou quatre mois au minimum.

Les résultats de l’expertise le 9 janvier

Ouvert le 6 septembre dernier au Tribunal de Béni Mellal, le procès des accusés dans l’affaire Khadija avait été reporté au 10 octobre. A l’issue de cette audience, certains des accusés ont reconnu les faits.

Ces derniers sont, rappelons-le, poursuivis pour « traite d’être humain sur mineure », « viol », « menace de meurtre », « torture et usage d’arme causant des blessures et séquelles psychiques », « constitution d’une bande organisée, enlèvement et séquestration », « non-dénonciation de crime » et « non-assistance à personne en danger ».

Au de la deuxième audience, qui s’est tenue 10 octobre, l’expertise médicale a été remise au juge d’instruction. Ce dernier a ordonné le report des audiences au 24 octobre pour permettre aux avocats des deux parties d’examiner le dossier qui contient les analyses du médecin légiste, d’un chirurgien esthétique et d’un dermatologue.

Le 24 octobre au tribunal de Béni Mellal, le procès a été reporté au 11 décembre pour non conformité du rapport d’expertise médicale.

Si l’affaire divise encore les Marocains, la justice, elle, permettra de connaitre la vérité. Le 9 janvier 2019, le juge aura finalement les résultats de l’expertise médicale.

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