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Tous mes vœux de bonheur

Le bonheur est un état émotionnel interne, un vécu personnel, subjectif. Qu’est-ce qui peut rendre heureux ? L’argent, la richesse, le pouvoir, la réussite professionnelle, avoir des enfants, l’amour, la liberté … ? On pourrait être tenté de dire qu’il y a autant de définitions du bonheur qu’il existe d’êtres humains, et ce ne serait peut être pas totalement faux … Mais avons-nous indéniablement besoin d’accomplir de grandes réussites, d’habiter une maison plus grande, de rouler dans une voiture plus luxueuse, d’être plus beaux, d’avoir des enfants plus brillants, un mari plus attentionné… pour être  heureux ? Plusieurs études en psychologie le contestent.

Bonheur, Bien-être… donner du Sens à sa vie

Une des conceptions du bonheur admises en psychologie est qu’il serait l’expérience du bien-être associée à la conscience de celui-ci. Le bien-être nous est procuré par le fait d’avoir un toit, de quoi manger, de l’eau chaude pour sa toilette, des occupations, une famille, une vie sociale…  Mais encore faudrait-il en prendre conscience ! Il s’agit là d’un constat scientifique : « Pas de bonheur sans conscience du bonheur ». C’est le fait de prendre conscience de ce bien-être, de toutes ces chances, qui amène au bonheur. Le sentiment d’être heureux naît – plutôt que de grands et rares moments de joie intenses – de ces petits instants, souvent furtifs, où l’on prend un café avec un ami, où l’on écoute ce morceau de musique que l’on aime… à condition de les vivre pleinement en mettant en parenthèse ses soucis « le temps d’un instant». Mais la multiplication et la prise de conscience de ces instants de bonheur ne semblent pas suffire à elles seules, donner du sens à sa vie serait aussi une condition indéniable pour être heureux. Les recherches menées sur le sujet ont révélé que les relations interpersonnelles positives viennent en tête de liste des facettes de la vie qui lui donnent du sens. S’ensuivent, selon les convictions, valeurs et besoins de tout un chacun, les projets de vie, la foi religieuse, l’ambition de certains de laisser une trace, un héritage, de transmettre un savoir, un art ; ou tout simplement aider à grandir, donner du bonheur, se sentir utile… Il est impossible d’énumérer tout ce qui peut donner du sens à l’existence ni de définir un sens de la vie unique, universel, ou idéal. Il a été cependant établi que l’être humain donne du sens principalement à travers trois dimensions : une dimension affective et relationnelle (les relations interpersonnelles, l’amour, l’amitié, la famille…) ; une dimension cognitive (pensées, convictions, croyances, valeurs…) ; une dimension comportementale (activité, profession, action..).  Donner du sens à sa vie reste donc une construction personnelle, spécifique à chacun, ni immuable, ni susceptible d’être imposée.

Le Bonheur, ça se cultive…

Le bonheur dépend plus de notre mode de pensée, de nos attitudes, de notre personnalité, que des biens matériels ou des circonstances de la vie. Soyons réalistes me direz-vous, gagner au loto ne peut que rendre heureux ! Il n’en demeure pas moins qu’aucune joie, aucune satisfaction, n’est éternelle, elle finit toujours par retomber pour revenir à un niveau de base. Qu’est-ce qui définit alors ce « niveau de base » ? De quoi dépend-il et comment peut-on l’augmenter ? Ou devrions-nous atteler notre bonheur à  la seule attente anxieuse et désespérée de l’avènement de circonstances heureuses,  à l’illusion d’une vie sans douleur ? Des recherches surprenantes, menées sur plus d’une vingtaine d’années, proposent une théorie qui décrit les principaux déterminants du bonheur où les circonstances de la vie, aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, ne représentent que le 10 %. Ces travaux révèlent aussi que nous possédons tous un « niveau de base du bonheur », inné, vers lequel nous avons tendance à revenir après les bonnes comme les mauvaises expériences.  Il s’agit d’une prédisposition génétique, mais sur laquelle nous pouvons agir à travers nos perceptions et attitudes : « Nous avons ainsi établi le mode de pensée et les comportements des personnes les plus heureuses qui ont participé à nos études. Elles consacrent beaucoup de temps à leur famille et à leurs amis, et entretiennent ces relations régulièrement. Elles expriment souvent leur gratitude pour ce qu’elles ont, sont les premières à offrir leur aide à leurs collègues ou à des passants. Elles imaginent leur avenir avec optimisme, savourent les plaisirs de la vie et vivent intensément le moment présent. Elles pratiquent un sport régulièrement et ont des objectifs et des ambitions ». Les mots d’ordre pour stimuler et maintenir le bonheur sont alors : l’optimisme, le maintien de relations interpersonnelles positives, la gratitude, l’action ou encore vivre dans l’instant présent et apprendre à savourer les petits moments de plaisir.

L’optimisme, un déni de la réalité ?

L’optimiste est souvent perçu comme un être irrationnel, naïf, imprudent… La psychologie le décrit autrement. L’optimiste ne nie pas la réalité, il est tout aussi conscient de ses problèmes, mais tente de les résoudre sans s’autodéprécier ni être fataliste. Les optimistes ont tendance à penser que les événements négatifs n’affectent leur vie que de façon temporaire (« Les choses vont finir par s’arranger ») et limitée (« ça n’affecte qu’une partie de ma vie ») ; et font plus confiance en leurs capacités pour les surpasser. Mais il ne s’agit pas non plus de s’enfermer dans un optimisme béat, une petite dose de pessimisme permet, dans certains cas, de mieux gérer des situations réellement menaçantes, ou encore de relativiser la déception quand on n’a d’autre choix que d’admettre qu’on ne pourra pas pouvoir atteindre l’objectif fixé.

Gare à l’adaptation hédonique

Une étude démontre que, passée l’euphorie des premiers mois, les personnes ayant gagné au loto ne se sentaient pas plus heureuses que celles qui n’avaient pas eu cette chance. Quand un événement heureux se produit, nous ressentons des émotions positives, une joie intense, de l’excitation, du soulagement peut-être, ou encore de la fierté… et bien évidemment du bonheur. Mais ce bonheur finit tôt ou tard par s’émousser. Ce phénomène est appelé « adaptation hédonique ». Cette capacité à s’adapter aux changements nous est bien utile quand il s’agit d’événements négatifs, mais comment peut-on éviter  de voir si vite s’estomper la joie d’un déménagement, d’une promotion au travail tant rêvée, des premiers mois de mariage… ? Les spécialistes proposent deux stratégies pour contrecarrer cette adaptation et maintenir le bonheur de façon plus durable : lutter contre la routine et apprécier les évènements positifs. Un couple sera ainsi plus heureux s’il décide de faire des activités différentes, nouvelles, intéressantes, au lieu de rester enfermé dans une routine. Ceux qui éprouvent de la gratitude, qui s’estiment « privilégiés » d’être dans leur situation actuelle, en comparaison avec leur passé ou à d’autres personnes, seront aussi certainement plus satisfaits.

Vous l’avez maintenant compris, nous sommes en grande partie responsables de notre bonheur, ce sentiment si recherché, traqué, espéré est en nous… Ne désespérons pas, activons-le ! Les chercheurs en psychologie n’en n’ont certainement pas encore fini avec la question des fondements du bonheur. En attendant, je vous souhaite à mon tour « Tous mes vœux de bonheur » pour cette nouvelle année. 

Par Zineb Lahrichi Lahlou
Psychologue clinicienne, psychothérapeute et addictologue ​
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