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Syrie: où est passée Bana al-Abed, la fillette qui tweetait la guerre?

Ses messages avaient attiré des milliers d’abonnés sur Twitter. Mais dimanche, le compte de Bana Alabed a disparu. Depuis plusieurs semaines, cette jeune syrienne de 7 ans avait intéressé des médias du monde entier en racontant son quotidien dans les quartiers est d’Alep, tenus par les rebelles et pilonnés par l’armée syrienne. Aidée de sa mère, qui prenait des photos et rédigeait une partie des textes en anglais, la fillette partageait son quotidien dans de courts messages.
 Des photos d’elle aux côtés de ses deux frères, en train de feuilleter un livre d’école ou arborant un dessin, alternaient avec les images de ruines et les témoignages de la vie sous les bombardements: l’absence de nourriture, de médicaments ou encore d’eau potable. Elle racontait également ses souvenirs d’avant la guerre, lorsqu’elle avait 3 ans.
Près de 200.000 utilisateurs de Twitter avaient choisi de s’abonner à ce récit du quotidien à Alep. Ils n’étaient que 4000 début octobre, selon The Guardian. Les messages postés étaient souvent partagés des milliers de fois.

«Impossible que je sois encore en vie»

Depuis plusieurs jours, les messages se faisaient plus inquiets. La maison de Bana Alabed avait été détruite dans une attaque. «Sous de violents bombardements actuellement, impossible que je sois encore en vie. Quand nous mourrons, continuez à parler pour les 200.000 toujours à l’intérieur» et «Entre la vie et la mort, priez pour nous s’il vous plaît», écrivait la fillette le 28 novembre.

«Moi et Bana avons reçu des menaces de mort et nous pensons que l’armée syrienne va nous viser à cause de notre compte et des messages», a écrit le 30 novembre la mère, Fatemah, sur le compte de sa fille. Vendredi, Fatemah expliquait recharger son téléphone à l’énergie solaire et évoquait les évacuations de civils d’Alep, qui pourraient leur permettre de fuir la ville. Malgré la fermeture du compte, ces derniers envois de @AlabedBana pouvaient encore être consultés, lundi après-midi, via le moteur de recherches Google, qui stocke certaines données des sites web.

«L’armée va nous capturer»

Mais un autre message très alarmiste, posté dimanche et donc non archivé par Google, a été repris par plusieurs médias: «Nous sommes sûrs que l’armée va nous capturer. On se reverra un autre jour cher monde. Au revoir», peut-on lire sur une capture d’écran partagée par un autre utilisateur de Twitter. Le jour même, le compte a été suspendu.
Depuis, l’incertitude demeure sur ce qu’il est arrivé à Bana et sa famille. Le silence brutal a suscité l’inquiétude et a fait naître le mot-clé #whereisbana («où est Bana»). Le compte pourrait aussi avoir été fermé volontairement en raison d’un piratage: un des messages les plus récents invitait à signaler à Twitter un compte portant le nom de la mère, laissant supposer qu’il s’agissait d’une usurpation de son nom.
L’authenticité du compte @AlabedBana a elle-même été mise en cause, certains utilisateurs questionnant l’excellent niveau d’anglais de la fillette tandis que d’autres insistaient sur le caractère anti-régime de certains messages. Début octobre, la BBC avait pu s’entretenir en vidéo avec Bana et sa mère. Cette dernière expliquait alors que le père de Bana était un avocat et qu’elle-même avait pris des cours d’anglais pendant trois ans.

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