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La « peur » des musulmans américains après la victoire de Donald Trump

Cette ville banlieue de Detroit de près de 100.000 habitants, dans le Michigan, abrite l’une des communautés musulmanes les plus importantes des Etats-Unis.

Mona Musid en fait partie et, comme beaucoup d’autres, elle essaie de comprendre comment un populiste sans expérience politique, qui a promis d’interdire l’entrée des musulmans sur le territoire, a pu être élu président. « Je suis juste intéressée par ce qu’il va dire, et où ça va nous mener », confie-t-elle. 

La jeune femme explique que beaucoup de membres de sa famille élargie, d’origine yéménite et installée aux Etats-Unis depuis les années 1940, sont dans un état de choc. « Ils ne savent pas ce qui va se passer. Ils sont juste venus ici chercher de meilleures opportunités et ont peur qu’il leur enlève ça ». 

Pendant la campagne, le candidat républicain a répété qu’il interdirait aux musulmans d’entrer sur le territoire américain et procéderait à des « contrôles poussés » sur les immigrés venant de pays frappés par le « terrorisme ».

« Jours sombres » à venir 

Les musulmans américains se demandent à quoi une présidence Trump pourrait ressembler, selon Hazem Bata, chef du l’Association islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North America), qui défend les droits de cette communauté.

« Ce que j’entends est un mélange de peur et d’inquiétude », rapporte-t-il.  « Beaucoup de gens se sentent vulnérables. Beaucoup de musulmans ici n’ont pas forcément la nationalité américaine. Ils sont ici légalement mais ne sont pas des citoyens américains. Ils sont inquiets. Et certains ont très peur ». 

Pour son discours de victoire, le milliardaire a cependant adopté un ton plus conciliant que pendant la campagne, appelant à l’unité.  « Je m’engage auprès de chaque citoyen de notre pays à être le président de tous les Américains. De toute race, religion, origine et croyance », a déclaré M. Trump. 

Mais ses mots ont sonné creux pour ces trois soeurs réunies au restaurant The Lava Lounge, à Dearborn. 

Les chaînes de télévision s’époumonent devant les trois jeunes femmes d’origine libanaise, américaines depuis cinq générations. L’une d’entre elles, Alyse, qui n’a pas voulu donner son nom de famille, estime que la victoire de Trump montre « combien il y a de la haine dans notre pays ». 

« Les dommages sont irréversibles », selon elle. « J’ai l’impression que les jours sombres ne font que commencer », ajoute sa soeur Nadeen Hider, âgée de 24 ans. « En une nuit, 60 ans de progrès ont été effacés », estime-t-elle.

Musulmans pro-Trump 

La victoire de Trump est aussi source de confusion.   A l’école Muslim American Youth Academy de Dearborn, les enfants s’interrogeaient au lendemain de l’élection.

« Comment est-ce qu’ils ont pu élire (Donald) Trump face à Hillary Clinton? », a demandé un élève à un groupe d’enseignants et de parents, qui sont restés sans réponse. « Quatre années de néant », s’est exclamée une jeune fille en entrant dans l’établissement avec ses parents. 

Pour certains, les conséquences de l’élection de Trump se sont immédiatement faites sentir.  Hiba Nasser, 19 ans, étudiante en deuxième année à la Wayne State University près de Detroit, a confié qu’elle avait eu peur de sortir de chez elle mercredi matin. 

La jeune femme porte le hijab, foulard traditionnel des musulmanes, et craint que cette victoire n’enhardisse ceux qui voudraient s’en prendre à elle. Elle affirme avoir déjà été harcelée. « Les gens me disent que je suis une terroriste, que ce n’est pas bien que je vive dans ce pays, que je devrais partir », rapporte Hiba Nasser.  

Mais d’autres Américains musulmans vivant à Dearborn depuis des générations ne partagent pas ses inquiétudes et se soucient moins des questions d’immigration. Plusieurs ont même confié à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, s’être réjouis de la victoire de Donald Trump tellement ils ne font pas confiance à Hillary Clinton.

En achetant son petit-déjeuner à la boulangerie New Yasmeen, Hassan Elhassani explique que Trump était pour lui le moins mauvais des choix. « Je ne suis pas inquiet du discours » de Trump, affirme cet homme de 33 ans, arrivé du Liban il y a 17 ans et qui a maintenant la nationalité américaine.  « Si vous êtes Américain, (Trump) ne pourra rien changer ».

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