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Leila Slimani appelle les Marocains à se rebeller contre « une législation moyenâgeuse »

La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, nouveau prix Goncourt, a appelé vendredi les Marocains à se rebeller contre « une législation moyenâgeuse » qui les maintient « sous une chape de plomb », après l’arrestation de deux jeunes filles mineures qui seront jugées pour homosexualité.



« L’humiliation du citoyen, et le fait de le maintenir sous une chape de plomb, favorise un système politique qui est celui de +l’hogra+, l’humiliation, et l’abus de pouvoir », a dit la romancière, interrogée par la radio France Inter sur l’arrestation à Marrakech de deux filles âgées de 16 et 17 ans, Sanaa et Hajar, surprises en train de s’embrasser.



« Je pense qu’il est temps que les citoyens prennent ça en main, se rebellent contre ça », a ajouté la Franco-Marocaine Leïla Slimani, 35 ans, qui a reçu jeudi le Goncourt, le plus prestigieux des prix de l’édition francophone, pour « Chanson Douce » (Gallimard).



« La législation au Maroc est complètement moyenâgeuse, complètement déconnectée de la réalité », a-t-elle poursuivi. « Il y a des normes qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, qui interdisent l’homosexualité, qui pénalisent l’adultère. Et il y a des pratiques qui sont complètement à l’inverse de ces normes », a fait valoir la lauréate.



« Il ne faut pas être hypocrite, on sait très bien que les Marocains ont une vie sexuelle hors du mariage, et c’est très bien, qu’il existe des homosexuels », a-t-elle dit. « On maintient cette dichotomie, on maintient ce fossé parce que ça arrange le système, ça arrange certains ».



L’homosexualité est punissable de six mois à trois ans de prison au Maroc.



« Cela n’a aucun rapport avec la religion », estime la romancière. « Beaucoup d’imams, beaucoup de théologiens extrêmement éclairés vous expliqueront que ça n’a aucun rapport », a-t-elle ajouté. « La question, c’est la question des droits de l’Homme, des droits sexuels, de la dignité et, en particulier, la dignité du corps de la femme ».



Pour Leïla Slimani, il faut « imaginer une femme qui ne soit à personne, qui ne soit ni une mère, ni une soeur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière ».



 

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